Précédemment …

Dans la série des cartes postales intergalactiques d’Oncle Akra Toussaint-Jour :

Chers tous,

Un exceptionnel réveil matinal, en sueur et un peu perturbé me trouve un peu vaseux et confus, mais je n’en suis pas moins productif pour autant, et, profitant de l’inspiration, je me suis attelé à présenter de manière organisée un sujet brûlant pour vous concocter la fiche du jour :

La reproduction des multividus, un essai de classification imaginaire

La reproduction chez les espèces de multividus est une question ardue car elle prend souvent des formes saugrenues. Elle reste par ailleurs peu connue car des chercheurs se sont vus, sous des prétextes déjà vus, éloignés et souvent exclus des lieux et temps voulus pour en connaître un peu plus.

On peut néanmoins détacher les catégories suivantes (et abandonner les allitérations, ça saoule) :

Pour la sexualité :

• Les générations spontanées
  

  

• Les reproductions unisexuées : Tous les membres sont identiques, mais à la différence des cas catalogués comme relevant de la génération spontanée, il est nécessaire que deux multividus différents (au moins) soient impliqués.
• Un seul membre du multividu est sexué. À ma connaissance, tous ces cas relèvent d’une catégorie multisexuée ; on y vient.
• Les reproductions multisexuées :
  A partir de là ça devient un peu ardu pour les non matheux, car nous devons considérer qu’un multividu donné est doté de M membres, chacun pouvant être de S sexes différents vont lier R relations sensiblement simultanées (R≤M) de P partenaires différents (P=S est une vision earthocentriste, ici le plus souvent P=M, mais ce n’est pas une règle non plus, cette étape de la reproduction reste assez obscure). Cela va entrainer G grossesses (là, OK, en général G=R) aboutissant chacune sur N naissances, et là, pour peu que M=N, on retombe sur nos pattes. Pour ceux qui commencent à s’inquiéter, ben oui, parfois N<M, c’est possible, patientez, on y vient. Restons pour l’instant sur S si vous voulez bien :

• accouplements
• atriotements
• autant de genres que de membres d’un multividu

Mais si la question de la sexualité se pose pour les multividus entre eux, elle se pose également au sein d’un multividu pour ses différents membres. Et c’est là que ça se corse :

• chaque multividu est d’un sexe unique pour tous ses membres
• chaque multividu dispose des sexes aléatoirement selon ses membres
• chaque multividu dispose nécessairement (constitutionnellement) de tous les sexes répartis selon ses membres

Ici il manque une Sinésonite. Elle est interprète en langue Seïnveth et officie à l’hypra-tribunal de Intempen (le Seïnveth reste la langue officielle des procès politico-financiers). Elle va sans doute devoir rentrer car la succession des orgasmes qui vont lui parvenir risque de perturber le bon déroulement du procès (NdDdo).

Pour la fécondation :

Comme j’avais pris le soin de vous le faire savoir, nous sommes ici sur un terrain mal maîtrisé, même par les plus grandes sommités en la matière. Le tact, le sens de la discrétion et la timidité maladive de Jean-Christophe Inembourg associés à des précautions culturelles intransigeantes du côté des protagonistes nous interdisent actuellement de fournir des observations circonstanciées. « Toujours ça de gagné pour la bonne moralité de notre opuscule » me glisse mon pote Inembourg un peu prude en plus. Ou alors il y a là une contrepèterie que je n’ai pas trouvé.

Pour la gestation :

• Gestation unique :
  • Ovipare
  • Ovovivipare
  • Vivipare (rarissime)
  • Viviovipare (se dit de la croissance par isolement, voir plus loin)
• Gestations multiples synchrones :
  • Ovipares
  • Ovovivipares
  • Vivipares
  • Viviovipares (les plus fréquentes)

Pour l’élevage :

(ben quoi, on dit bien « élever un enfant » et ça ne choque personne, il me fallait un nom, ou au moins un participe présent, et depuis que certains l’ont décrétée nationale, je réserve le terme d’éducation au gavage unilatéral de connaissances formelles.)

• Néant (Ovovivipares uniquement.)
• Couvage (À peu près tous les ovipares non aquatiques, ou pour le moins de milieux non liquides.)
• Allaitement, multi-allaitements.

les Anubs font appel à une nourrice de substitution (NdDdo).

• Autres systèmes liés à une sexualité multiple ayant plusieurs composantes impliquées dans l’élevage et/ou la gestation.
• Isolement du multividu le temps de sa construction entitaire, et même multidentitaire.
  C’est le plus souvent ainsi que se déroule la croissance du petit multividu, qui se découvre et se rencontre, et n’a besoin de rien d’autre avant d’aller affronter le monde extérieur que de se connaître entre eux-mêmes.
  On attribue communément à des multividus les aphorismes suivants :
  – Je ne suis jamais seul avec ma solitude.
  – Je ne sais plus si c’est moi qui suis seul ou les autres qui sont trop nombreux.
  – Le désespoir est une forme supérieur de la critique, pour le moment nous l’appellerons « bonheur »…
  – L’enfer c’est les autres.

Et puis, si vous songez qu’il y a des cas où des multividus de M=7 membres ont des systèmes de reproduction où M=S=R=P=N, et G=RxP (ben oui, il y a des sexualités où tous sont prégnants), soit 7×7= 49 partenaires concernés en tout certes, mais pour chacun la naissance de 7 multividus (N=7 aussi, suivez dans le fond !), on se retrouve avec des « portées » de 343 petits multividus de 7 membres soit 2401 créatures grouillantes qui vous réclament une tartine de confiture s’il te plaît tout de suite ! ça laisse songeur, et on comprend qu’ils les enferment entre eux-soi. Jean-Christophe opine du bonnet, toujours pas de contrepet, mais décidément, il est au top, Inembourg. Ah, enfin un calembour point trop approximatif.

© Frankygnol, illustrations de Davido

… à suivre …