Œdipe hèle le sphinx (ddo/mc)

les déconvenues d’une genèse traumatique

la bête Rave bat son plein

Philopin se tenait prostré, hagard, hébété le long d’une voie poussiéreuse à l’entrée d’une Rave-no-end de Degling Moilatet.

Affalé à même le sol, les yeux ouverts, perdus dans le vide, un filet de bave coulait de ses commissures. Il fixait le ciel violacé et vaporeux de la planète, des infra-basses soulevaient à rythme régulier le sable et les petits cailloux autour de lui.

Quelques temps auparavant il avait eu la réponse à la grande question qu’il se posait : « d’où viens-je ? »,
Ce fut pour lui un profond délabrement intérieur.

 

A son arrivée sur Degling Moilatet, passé la prise des drogues les plus divertissantes et assisté aux concerts les plus édifiants de toute sa vie de Nostrill, après avoir traversé multiples dimensions, chevauché des dragons hallucins, il se trouva dans une phase de flottement émotionnel que les drogues ne purent endiguer.

Il se mit alors en quête d’un centre de traçabilité généalogique des créatures intergalactiques.

Philopin ne connaissait ni son père, ni sa mère et il se dit que ce voyage sur Degling Moilatet allait être initiatique à tous les niveaux.. Il allait apprendre sur lui autant qu’il pouvait, mais principalement d’où il venait..

Le prélèvement ADN-MDMA-N lui fournit une identification formelle à 100 %. le laborantin-droïde lui tendit un petit papier sur lequel se trouvait le nom de ses 2 géniteurs, la date et le lieu exacts de la rencontre organique des éléments et molécules constituantes de sa genèse à lui.

Ce fut :

temps universel: 10/03/14/20/0110/TMM

individu femelle: Tinesse Bandaparr

individu mâle: Flapeu Nékikoul Nékin Feudpaill

lieu : planète Tetralir, Bibilothèque Municipale de Faupachtélbébé Av. Lodubin.

Une recherche au centre des données intergalactiques interconnectées lui apprit que, planète Tétralir, le 10/03/14/20/0110/TMM mad-moiselle Tinesse Bandaparr et monsieut Flapeu Nékikoul Nékin Feudpaill se rencontrèrent intimement ce jour là, et ce, au sein d’une production quintévisuelle de caractère érographique.

la plante Ureuse chime-Mère

Flapeu Nékikoul Nékin Feudpaill, son géniteur, était un nostrill de classe D, sous-acteur rémunéré au salaire minimum de la profession, selon le barème conventionnel appliqué aux Nostrills.

A cette période, âgé de 27 ans, bras ballants et longs, de stature filiforme et dégingandée, jambes courtes et arquées, flegmatique et zozotant un peu, Flapeu n’aimait rien d’autre que la fumette des mousses séchées de Scotish-Muhle. Pour s’en procurer quotidiennement s’en trop s’échiner la couenne, il s’engagea au centre local de comédie télévisuelle ou il fut figurant plusieurs années avant d’être remarqué par un moteur de recherche pour un rôle un peu spécial. On lui fit faire quelques saynètes qui s’avérèrent concluantes, son caractère correspondait au personnage du film… et puis surtout il ne coûtait presque rien.

Flapeu dans son club de fumette

Il fut intégré au casting d’une super production « coquine » (coquine restant l’euphémisme d’usage) avec la star du moment, la très aguichante Tinesse Bandaparr une moiselle au grain de peau plus lisse et fin que la meilleure des soies, aux courbes plus éloquentes que les nymphoïdes des gravures des chapelles de Ba-Bordel, aux formes fermes et douces, pourvue d’un minois hypnotique, douée de cette séduction surnaturelle que lui conférait la finesse de sa gestuelle, un corps de déesse et un esprit furtif et aiguisé. Son taux de désirabilité dépassait 180 sur l’échelle de Libidi. Elle resta par 2 fois au top chart des PSM (performeuses sexuelles médiatiques) pendant plus de 47 mois.

« Il est étonnant, confesse l’historien Flétan Kipass, qu’une actrice de cette trempe embrassasse la catégorie des films pornovisuels ; son étonnante plastique, sa vivacité d’esprit ainsi que la subtilité de son jeu lui aurait facilement ouvert d’autres possibilités sans pour autant avoir à exhiber la majeure partie de ses charmes et attributs intimes (ce que le courant moraliste dominant continuait à réprouver),  décrocher des rôles d’actrices plus intéressants dans des fictions où la passion amoureuse restait ou suggestive ou incarnée par des doublures ».
« Elle eut pu ainsi conserver toute sa respectabilité en exerçant une activité méga rémunératrice qui lui aurait permis d’atteindre le niveau d’hyprasuperstarr et de converser avec des huiles essentielles »
.

Mais il n’en fut rien et les raisons qui conduisirent Tinesse à entrer puis se cantonner au secteur pornovisuel restèrent au stade de supputations vaseuses émises par les batrasophes de la grande Marre de Setvikhi-Nao-KinsSenss-plof.

Certains théoriciens parmi les plus abscons avancèrent l’hypothèse de l’avilissement jouissif comme attitude néo-punk de transgression d’un ordre établi dans une bravade méta-féministe refoulée mais constituante de la part sombre du caractère de la gente féminine en réponse à la rigidité sociétale… hypothèse qu’elle parvenait si facilement à nous faire oublier. «Pourquoi je fais ce que je fais ? mais à part moi qui pourrait le faire aussi bien ?, voire mieux ?» répondait-elle dans un sourire désarmant, balayant les morales étriquées et la bien-pensance Jus d’ého cru s’y fit sienne.

Cela dit, sa cote de popularité était plus qu’envieuse, et la très sérieuse fondation des onanistes anonymes qui aimait à faire des statistiques en tous genres d’aucune utilité estima à 500 000 quintolitres les quantités de pollutions séminales générées par les films de Tinesse Bandaparr, presque autant que celles produites par la lecture de l’ouvrage Natochinois du 4eme siècle (temps galactique) jardinage en petite tenue…

ce qui n’est pas rien.

« La Blibustiere de Swann »

Le scénario du film dans lequel Flapeu et Tinesse se rencontrèrent comportait les clichés d’usage, mais s’avérait plutôt divertissant.

Dans une bibliothèque, un nostril demande à la préposée, une Moiselle de 22 ans pudibonde mais courtement vêtue, aux longs cheveux noirs et bouclés qui descendent jusque dans le bas du dos, le titre d’un ouvrage peu connu sur la culture des mousses de Scotish-Muhle et comment bien les sécher. Celle-ci nonchalamment s’empare d’une échelle où elle se perche pour chercher l’ouvrage, mais catastrophe !, remontant son genou plus haut pour mieux se caler au barreau, l’unique vêtement un brin étriqué qui lui servait de couvre hanche et buste (l’uniforme des bibliothécaires de Swann) se dégrafe et tombe au sol, dévoilant ainsi la nudité d’un avenant postérieur nivéen, dont l’extériorité morphologique n’avait d’égal que la promesse d’une intériorité chatoyante (c’est ainsi que le scénariste décrivit ce passage, et on lui demanda de s’abstenir de faire des phrases biscornues).

Le nostrill esbaudi, les yeux rivés sur cette partie corporelle joufflue succombe aux charmes de l’Afon Xionnaire, et tandis qu’elle redescend, il s’empare non de l’ouvrage mais de cette belle lune gibbeuse croissante qui termine sa rotation orbitale dans sa direction à lui (ici aussi on demanda au scénariste d’éviter les métaphores foireuses).

La préposée se rebiffe un peu, par principe, et parce qu’elle venait d’une bonne famille (flash back sur son enfance où elle chante des cantiques satanistes avec ses amies collégiennes) et puis de guerre lasse (elle ne s’épanouit pas dans sa profession), l’amie Litaire (c’en était trop, on vira le scénariste), dubitative décide de tenter cette étrange aventure et de s’adonner à la concupiscence et au stupre pendant ses heures de travail sans badger sa pause… qui sait si cette expérience ne lui ouvrira pas de nouveaux horizons, ou de vertigineux vertizons, bref, il s’agissait d’une odyssée spatiale azimutale qui s’ouvrait à elle tandis qu’elle s’ouvrait à lui.

On y découvre alors dans son intégralité une anatomie ineffable, le type de poitrine dite volcanique, légèrement galbée et dont les cônes protubères et lactescents, pointés en est-ouest étaient très tendance à l’époque, la silhouette voluptueuse, la taille fine et le bassin plus large sur de longues jambes correspondaient aux critères tout à fait dans le goût de 98% des visionneurs. Le dessin délicat en pyramide noire inversée de sa toison pubienne pointant le sol, tel le glas pubère d’un gladiateur oscillant qu’une déesse égyptienne envoyait à trépas catalysait toutes les attentions voyeuses de sa funeste présence.

C’est dans le rayonnage de la bibliothèque que cela se passe, permettant ainsi d’ajouter le tag : « nudité publique (nul doute pénale)» entre le tag, « oh mon dieu il gicle sur la moiselle» et « la nature a horreur du vide » ; mots clefs obscènes renseignant les moteurs de recherche et les internautes en errance.

Comme convenu dans le script, le nostrill devait entreprendre vigoureusement cette moiselle selon le style du chien, c’est à dire les mains sur le dos de sa partenaire,maintenant ses hanches, remplissant de son organe reproducteur (aussi phallique qu’il fut possible) la faille pubienne de séparation arrière à la convergence des jambes de la créature, et cela aussi profondément que son organe le put … Mais chez les nostrills, ça allait, on pouvait qualifier “d’assez compatible” les 2 morphologies.

Dans ce genre de divertissement télévisuel, un orgasmomètre d’ondes cérébrales était communément et discrètement posé sur les ondes encéphaliques de nos 2 acteurs, le spectateur pouvant alors juger de la performance qu’on lui proposait.
Ce qui différenciait les films d’amour romantiques des films érographiques résidait dans la croyance en de beaux lendemains pour les premiers, et dans l’absence de simulation pour les seconds.

Bien sûr, les Nostrills n’ont pas haute réputation dans ce domaine et leurs performances font rarement l’objet d’un récit épique, et si on a fait appel à eux, c’est plutôt pour agrémenter un scénario maintes fois répété. Une variation sur le thème, associant humour, gaucherie et improbabilité.

Tinesse Bandaparr avait pour réputation d’être plurisexuelle, multipartenaire et interespèce, c’est à dire ouverte à toutes les associations, positions et combinaisons, mais dans la limite de ses goûts à elle.

Du fait de sa notoriété, elle pouvait influer sur le scénario et imposer à la production ses avis et envies. Elle approuva la saynète: « à condition que le personnage principal que j’incarne ne restât pas au stade du Nostrill et qu’à la fin ce fut un bel Etalhe Hon Hun, laurelle et hardi, érudit et spirituel qui m’amusasse et me sortisse de cette enfer bibliophile ».

Il fallait une morale : « Générosité envers son prochain paye toujours le lendemain » fut celle-là . Au spectateur de repartir, songeur, en acceptant sa condition pouilleuse pour de possibles jours meilleurs en compagnie d’une chatte oyante qui lui procurât de voluptes délassements.

L’orgasmomètre constituait alors un enjeu important et l’échelle qu’il proposait suscitait bien des commentaires et polémiques. On avait scientifiquement désigné 718 le niveau d’orgasme absolu, sorte de Graal du plaisir, de point d’ultime jouissance, Everest de l’extase copulatrice. 718 c’était pour la gente féminine. La gente masculine restait cantonnée à 522,78. Nul jusqu’à présent n’avait atteint ni 718 ni 522,78.

Voilà donc l’ intrigue préliminaire, auquel Philopin put assister, lui et des trilliards de spectateurs avant lui.

La quintavidéo lui permettait de choisir l’angle de vue qu’il préférait. De zoomer, de se placer au dessus, de ralentir ou d’accélérer, de multiplier les plans, de suivre en double couche les courbes de l’orgasmomètre et l’étreinte en action.
Il pouvait même actionner la touche « camera subjective » et passer de l’une à l’autre vision des acteurs… Ce qu’il ne fit pas… Son Zigmundfreud lui signala fortement que dans son cas, il y avait là un interdit qu’il ne franchirait qu’au prix de graves fêlures psychiques.

L’éclairagiste, un dénommé Toulézé Tage, reçut un prix pour cette scène.

Et j’accule , Sion, deale la came à soute ! rat !

Flapeu, son géniteur fut bien en deçà de ce qu’on attendait de lui. Faute d’avoir eu préalablement une expérience qui ressemblât de près ou de loin à celle-ci, ni de s’être suffisamment entraîné comme on lui recommanda, et peut être aussi avait-il abusé, la veille, pour surmonter son trac, de fumettes de mousse, il vint assez rapidement et expulsa bien vite sa semence ; L’orgasmomètre le gratifia d’un score de 112,8 tandis que Tinesse sentit vaguement un courant chaud lui traverser le canal, elle se trouvait à 15,1 niveau de plaisir similaire à celui qu’elle a quand elle mange un yaourt avec des vrais morceaux de fruits dedans.

Devant cette piètre performance, Il fut décidé de baisser sa rémunération de 72 %. De ce fait il n’eut pas assez pour se payer le ticket du voyage retour sur sa planète de résidence.

Pour ne pas ruiner la séquence, le preneur de son, un Malabar rose et mou de texture, cyclope mais clairvoyant, imposant mais doté d’esprit d’initiative, prit le relais.

Dans un style conventionnel mais dont la rythmique forçait le respect, il promulgua quelques effleurements épidermiques bien localisés, proposa diverses positions originales qui permirent des plans plutôt intéressants.

Sauf une brève cécité temporelle (il se prit le talon de Tinesse dans l’œil en essayant de lui lécher l’orteil gauche) Il parvint à divertir son hôtesse plus d’une dizaine de minutes et tous deux vinrent quasi simultanément au taux de 413 pour lui et 326 pour elle… Belle performance pour un novice.

Il oublia toutefois de parfaire le maquillage facial de sa collaboratrice comme on lui conseilla et vint comme il venait avec son épouse, c’est a dire, selon la métaphore culinaire, en lâchant la purée au fond de la marmite, ce qu’on lui pardonna.

On adapta le scénario, intégrant le malabar en voyeur jaloux en arrière plan au départ… secrètement amoureux de la préposée.
Il se battrait ensuite avec Flapeu, dans une scène rapide pour ne pas perdre l’intrigue principale, puis ils disparaîtraient tous deux, le malabar et Flapeu, dans un duel aux poings un rien pathétique et on pouvait passer à autre chose c’est à dire l’apparition du bel Ethale Hon demandant un ouvrage sur Athil-A, son ancêtre présupposé. A-t-elle atila ? se demande l’ethale hon hun tandis qu’il se gratte l’atèle fut le plan séquence d’introduction au chapitre suivant.

Au climax de la scène avec le Malabar et Tinesse, le liquide séminal du nostrill, qui trainait là, entre l’entrée de la moiselle et son cul de sac, fut expulsé direct au fond du fond de sa personne à elle. Propulsé par le jet puissant du malabar et juste devant (de quelques encablures) la substance nostrilienne rencontra une sphère douce et chaude dans laquelle elle s’engouffra et s’installa comme squatteur en l’appartement d’autrui.

Les scientifiques de la production (toujours questionnés avant un casting) avaient été formels, entre 2 espèces si différentes, pas de risque que ça donne quelque chose… pas de précaution à prendre, « donnez vous en à cœur joie » avaient-ils clamé, enthousiastes le poing levé en soulevant leurs bocks de Biru…. « les chats ne font pas des chiens, et le vice versa ».

La suite leur prouva que non.

Label île Licite

Tinesse bandaparr dans un concert très privé

1 mois plus tard, dans sa retraite sur la planète estivale de Sylphide-Lope-et-Lape, au bord de son olympienne piscine privée, Tinesse Bandaparr vomissait son 1er cocktail vodka-lychi, alors que d’habitude elle pouvait s’en enfiler 5 le matin sans broncher, danser nue sur la table avec ses copines, puis partir faire du shopping conduite par des esclaves en quadricycle .

Inquiète, elle consulta.

La nouvelle lui fut dévastatrice, nous étions sous la présidence de Bibindum Flambanneuf 72virgule2 qui interdisait l’avortement dans les intergalaxies. Tinesse dut conduire à terme sa pregnation sans quoi elle risquait la mise en taule et une rupture dans sa carrière qui lui eut été rédhibitoire (raide y bite-toire écrivaient les moqueurs).

Lorsque l’enfant parut, le fait qu’il fut un nostrill l’étonna d’abord, puis l’incita tout de suite à s’en débarrasser. Il fut placé dans un institut quelconque où elle s’empressa vite de l’oublier, malgré les quolibets de la presse à scandale.

Une chance pour elle, un autre scandale plus énorme encore vint ternir le sien : Bibindum Flambanneuf détourna une mineure mineure sur la planète Kra-bone14, dut se retirer prestement des affaires politiques et s’enfuir poursuivi par de Vatenguerres Femmoralistes.

Très remontée contre la compagnie de production, Tinesse intenta un procès qu’elle gagna haut la main. L’entreprise, dont le siège social se trouvait sur Kleenex21, fut ruinée, déposa le bilan, céda ses droits d’auteurs et se débarrassa des studios et du matériel et exécuta ses employés.

Tinesse racheta l’ensemble. A l’âge de 23 ans elle devint une des plus jeunes directrices de production érographique,  à la tête d’une fortune confortable.

Son ambition ne s’arrêta pas là, elle voulait disait-elle « être la première des créatures médiatisées et vastement désirables à atteindre l’échelle 718 dans une version mulitidifusée, live et payante», l’orgasme absolu, dans une « super production en temps réel hautement rentable qui constituerait le chef d’œuvre ultime du genre ».

Elle mit tout en œuvre pour réaliser son rêve.

Elle dénicha les meilleurs scénaristes qui planchèrent jour et nuit sur l’histoire, les meilleurs décorateurs, les plus talentueuses habilleuses, elle put convaincre Fame Vomur (parmi d’autres) de financer le projet, puis lors d’une tombola elle rencontra l’élément principal manquant ; un Bordeurbite tricouille, surfeur et poète, musclé et épilé du torse, doté d’une barbe mérovingienne et de rouflaquettes seventies, qui répondait au doux nom de Dobeulyou. Elle en tomba amoureuse.

Les 2 protagonistes attendirent que leur désir de l’un pour l’autre eut atteint des degrés paroxysmiques avant de se laisser guider dans les tréfonds torturés des romanciers sulfureux, tandis que de débridés asiates terminaient en hâte les dialogues.

Apam et Ebe

A fortiori, il faut admettre que l’histoire était foutrement alambiquée…

Un vaisseau intergalactique se crashe sur une planète inhabitée et lointaine, d’où Apam et Ebe sortent seuls survivants parmi les passagers. ils ne se connaissent pas mais ont d’abord à enterrer toutes les victimes, certaines intimes (le père d’ Ebe) avec la pelle mécanique du vaisseau. Puis ils s’assurent qu’ils ont bien ce qu’il faut pour subsister, mais sur cette planète c’était chose facile (c’est une sorte de jardin potager naturel sans pesticide ni intrants chimiques… Ebe constate que c’est bon pour la santé et meilleur pour sa peau… (le groupement des Zécologistes ont financé 17% du film)).

S’ensuit alors quelques préliminaires ludiques et jubiles où les 2 tourtereux font connaissance et l’on sent l’amour et le désir s’installer entre nos deux jeunes zzéros.

Ce fut la douche sous la cascade, tandis que la guette Apam, fiévreux…

la scène de combat musclé contre un colibri sociopathe à l’issue duquel, blessé, Apam dit, cite, l’aphorisme de Kam Assoutra sur la vanité de la douleur, et s’évanouit…

Puis la scène où l’héroïne coince son unique robe dans un rocher qu’elle doit, pour se dégager, découper avec la mini paire de ciseaux de son trousseau de couture de secours et filer illico en catimini rampante sur le sol moussu entre des buissons pour ne pas être aperçue d’un Apam talons sous les cuisses dans le fourrés en voyeur éhonté.

Puis le moment où Apam fait un double salto arrière et se prend les pieds dans une racine, glisse et tombe sur la tête, cite de nouveau Kam Assoutra et s’évanouit…

enfin Ebe lascive qui fait la lessive tandis qu’ Apam salive.

etc… .

Ebe enfin se pâme pour l’éphèbe Apam.

Tout n’allait pas de soi car Ebe devait retrouver son jeune promis, Albert Septeur, c’était le but de son voyage, Albert Septeur, un individu sec et austère, manipulateur, hautain, et dont la denture avait un espace entre chaque incisive, mais qu’elle connaissait depuis son enfance et qu’elle avait consenti à épouser pour faire plaisir à son papa veuf à l’époque.

A présent qu’il fut décédé à son tour (le papa), la jeune orpheline pense que c’est mieux d’honorer posthumément les vœux de son pater. L’ amourette pre-nuptiale aurait résilié l’union, Septeur n’épousait que si vierge Ebe était.

La culpabilité qu’elle éprouve alors tandis que naissent des sentiments pour le bel Apam permettent de créer un dilemme plaisant, d’alourdir les tourments de la belle Ebe (honte, culpabilité, désir, trahison de la promesse faite à son père), de dévoiler sa vulnérabilité émotionnelle et d’augmenter ainsi la charge érotique de ce personnage féminin. ..Tandis qu’Apam, lui, passe son temps dans les fourrés à masser des turbes, ses fallacieuses approches n’ayant essuyé que de polis refus.

En insert pour accentuer les futiles scrupules d’Ebe et se dire qu’elle est vraiment trop conne bête à jouer son ingénue comme ça…on voit le post-futur époux apprendre dans le journal la nouvelle du vaisseau crashé, d’en déduire la mort de sa promise, d’essuyer quelques larmes fugaces puis se mettre en quête d’une nouvelle compagne.

Cela permettait aussi d’introduire le concept d’une persistance vaine et naïve dans la croyance d’un amour fidèle et bourgeois, prémices d’un faux semblant de sécurité familiale. Tout cela plaisait aux cyniques et ils étaient nombreux parmi les amateurs de films érographiques.

Après ces billevesées prologues vient la fameuse scène pour laquelle le film allait entrer dans l’Histoire.

Dans la lumière du matin, après une terrible tempête qui oblige les 2 survivants à se tenir transis serrés l’un contre l’autre, éclairés subrepticement par des flashs d’éclairs furtifs. C’est une Ebe mouillée qui succombe enfin à un Apam humide.

Il y a effeuillage timide partiel puis intégral, un peu gêné d’abord… puis finalement non c’est une planète déserte alors pas la peine (et pourtant ils se trouvent pile poil dans l’angle de la caméra de surveillance des planètes inhabitées)… il y a course dans des prés bien tondus et sans racine pour éviter de se blesser, jeu de ricochets sur la plage côtière (le CIR, club intergalactique de ricochet a financé 4 % du film et exige un interlude à ce moment où l’on explique la meilleur façon de réussir de bons ricochets) et enfin le baiser ultime sous un platane, concluant la phase dite (un peu hypocritement) « platanique » du film…

Puis vient le reste.

Apam agenouillé devant sa belle, lacune, y lingue un peu, Ebe reconnaissante fait la sionne, à son tour, le fougueux Apam, ils simultent, permutent et merputent, l’un sur l’autre en tête à cul pour plus de conversation dans les opérations, puis Apam se ressaisit, se redresse et dirige la moiselle vers sa couche moelleuse immaculée ; un doublebed rond à miroir. Il lui présente humblement son ophidien dressé qu’elle caresse et susurre « Doubleyou, ne crois-tu pas qu’il est encore trop tôt pour m’emmener dans ton doublebed alors que cela fait seulement 122 jours que nous nous connaissons et …» il pose un doigt sur ses lèvres et murmure « chuuut », elle approche alors son buisson qui fulmine. il s’y enfonce jusqu’aux racines et remue en elle.

Sur les écrans de contrôle, dans la salle de mega diffusion et dans tous les postes connectés live des intergalaxies (pour la modique somme de 720 kopecs), ainsi que dans les cinémas locaux connectés eux aussi (pour la modique somme de 1800 kopecs), on voit la courbe évoluer… Tinesse progresse lentement … mais inexorablement. Elle atteint 500, puis 600, puis 700 et 711 et que cela monte encore, va-t-elle atteindre 718 ?

C’est à ce moment qu’une décharge neuro-hormonale de plaisir ultime prend la forme d’une boule d’énergie blanche dans son bassin.

La boule grandit calmement, elle désintègre le couple, l’ensemble des studios, les décors, la plage, la ville toute proche et grignote une bonne partie du paysage. Des raz de marées s’ensuivent, le vide de matière nouvellement apparu doit se combler, la tectonique s’ébranle, de terribles ouragans tentent de rétablir l’équilibre planétaire modifié.

De Tinesse et Dobeulyou, ce fut la dernière apparition. Leurs visages avant de disparaître dans ce flot de lumière exprimèrent une extase à faire pâlir les saintes de BaBordel…. Mais bon… ils furent nombreux ceux qui pensèrent qu’il y a des limites a ne pas franchir dans la courbe orgasmique ..

La ligue des assureurs refusa de catégoriser l’événement en «catastrophe naturelle». Les propriétaires de maisonnées sur Kleenex21 ayant subi des dégradations sur leur logement ne purent recevoir ni indemnités ni compensations, ni se retourner contre l’agence de production, celle-ci n’existant plus du fait de la disparition de sa présidente directrice générale.

Ta natte, os!

Philopin visionna la scène épris de sentiments contradictoires.

il savait que le nostrill son père avait continué dans des séries Z du même genre que la «blibustiere de swann», mais au budget infiniment moins important, dont « bizutage dans les marécages » ou « mou du genou chez Cat Mendoue » et qu’il mourut dans un dénuement complet, l’année dernière, d’une crise de hoquet qui dura 7 jours, personne n’ayant pu lui trouver un remède. Son système immunitaire trop affaibli à cause de la fumette, ne put enrayer ce hoquet importun.

Philopin ne visionna qu’une seule fois la filmographie de sa mère. Il avait 25 ans, l’âge auquel elle disparut. Il recherchait en elle une partie de lui, ou l’inverse. Tel un œdipe désemparé, Il hésitait à se crever les yeux. Lui, objet d’une plaisanterie grotesque, fils d’un zozoteur et d’une autolâtre vénale et sans cœur… Lui, qui vint à la vie dans une éjaculation précoce ultra médiatisé… Témoin, de la scabreuse mise en scène dont il était issu, enregistrée et diffusée à l’infini. Il se sentait la honte de toute la galaxie.

Fruit de rien, projet inexistant, né d’un hasard sordide et poisseux, à la fois subjugué par la beauté de sa mère mais horrifié par la froideur de son âme, cherchant l’amour maternel, ne rencontrant qu’une plastique parfaite mais vide (qu’il ne pouvait s’empêcher de désirer… ce qui lui fit d’autant plus horreur)… il reprit derechef une triple dose de Somnol-butex pour ne plus entendre parler de rien.

C’est dans cet état que le trouva Jean Christophe Inembourg.

A suivre

1 Commentaire

    • bernard catry sur juillet 4, 2017 à 9:05 am
    • Répondre

    j’ai tenu jusqu’au bout. Il faut que je le relise… un peu tous nos phantasmes … t’es un sacré lascar et assez marrant…
    … à suivre .

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